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Archives Mensuelles: mai 2022

Jacques Prévert en Cotentin, de Gérard Fusberti, 1989

29 dimanche Mai 2022

Posted by Roseleen in avis de lecture, book talk, chroniquelecture, jacques prévert, lecture, littérature française, normandie

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​C’est un tout petit bouquin, paru aux Éditions La Dépêche de Cherbourg, en 1989. Une pépite qui n’est plus éditée, dénichée par hasard dans ma bouquinerie-salon de thé [au fondant au chocolat et thé fumé à tomber à la renverse et à te faire devenir addict aux pics de glycémie (le mémoranda à Caen)] normande préférée, il y a quelques mois lors d’un bien trop rare passage dans ma région.

44 pages, illustrées de quelques photos inédites du poète ou de ses trésors, comme cette photo d’Arletty dédicacée, « vive le lierre, en souvenir de Jacques…« , d’autres photos inédites de Jacques Prévert entouré de sa famille et de ses amis, dont faisait partie l’auteur, Gérard Fusberti. 
Gérard Fusberti a longtemps été antiquaire Place des Vosges à Paris. Mais il a commencé humblement, dans un ancien hôtel-restaurant dans cet endroit perdu du Cotentin, cher à mon coeur, Goury, dans la Hague. Prévert y avait séjourné dans les années 30, et adoré l’endroit. 
Dans les années 60, le voilà qui débarque à nouveau dans le Cotentin. En famille, il rejoint son frère Pierre, venu se reposer dans la Hague de son voyage en Chine pour le tournage de « les cerf-volants du bout du monde ». Vivent dans la Hague des amis du monde du ciné, les Rakz, premiers à avoir crée en France un studio de doublage, et Alexandre Trauner, le décorateur de cinéma,  le grand ami de Jacques Prévert, enterré près de lui dans la Hague, dans ce tout petit cimetière, à deux pas de la maison du poète, je leur rends visite chaque fois que je vais faire un tour à la maison de Prévert, si simple, si calme, si belle.

Mais quand en 1966 Jacques Prévert débarque à nouveau à Goury avec sa femme Janine et sa fille Minette, il ne sait pas que le lieu n’est plus un hôtel mais un magasin d’antiquités. 
Qu’à celà ne tienne, les chambres sont là et Gérard Fusberti accueille avec joie le grand homme et les siens, hop, à la bonne franquette.

Une grande amitié va naître entre Gérard et Jacques Prévert, qui durera jusqu’au décès du poète, en 1977. 
Dans ce livre, Gérard Fusberti raconte son ami, qu’il fréquenta ardemment puisque Jacques Prévert acheta une petite maison juste à côté, où il mena une vie simple jusqu’à sa mort. On découvre le caractère du poète, son oeil observateur terrible, son humour noir mordant, son tempérament fougueux mais réservé. 
On se régale des souvenirs confiés par le poète à Gérard, on y croise Lacan, Marcel Carné, Arletty, Marlène Dietrich, François Mauriac et Aragon, Calder, Miro et Picasso, ami intime, Gabin, ami de picole, Dali, qu’il détestait et dont il écrira sur le livre d’or d’une de ses expos : « Si tous les cons étaient dans la malle, Salvador Dali ne serait pas assis sur le couvercle ! » 🤣
Gérard Fusberti aimait tellement Jacques Prévert qu’il a continué à entretenir et développer son jardin après sa mort, car il savait à quel point son ami aimait son jardin.  
En 1989,  avec l’accord de Janine, sa veuve, qui vit toujours à l’époque dans la petite maison en pierre dans ce bel hameau perdu, il l’a ouvert au public. On découvre d’ailleurs dans ce livre Janine, sacrée femme, ex-danseuse classique gravement blessée, qui a dû renoncer jeune à sa carrière de danseuse, quittant la zone libre et son mari durant la guerre pour remonter à Paris et servir la résistance.
Chaque ami du poète a planté un arbre ou une plante dans ce jardin, en hommage au poète décédé. A l’occasion de cette ouverture du jardin au public, Gérard Fusberti a écrit ce petit livre qui raconte son ami. Il nous en dresse un portrait inédit, drôle et intime, nous projette dans des années truffées de bonheur, de joie, d’insouciance et de créa, les années 60 et 70, c’est un régal de nostalgie de s’y plonger, pour moi d’autant plus que ce sont là mes racines…quelle émotion de me dire que mes grands-parents, mes parents, peut-être moi, enfant, ont croisé ceux-là, en goguette au port de Goury, à la terrasse d’un café dans la Hague, en balade dans les dunes de Biville, en pêchant la crevette, en rando sur le sentier des douaniers…tous ces lieux où je fonce, où j’ai besoin d’aller dès que je vais en Normandie et où je rêve de pouvoir vivre un jour.
44 pages magiques qui m’ont fait marcher dans les chemins de mon enfance et dans la vie de mes aïeux qui eux aussi s’étaient installés là-bas pour un dernier tiers de vie, précieux petit livre qui jamais ne quittera ma bibliothèque.
Si vous passez un jour dans ce bout du monde du Cotentin, ne manquez pas de visiter la petite maison de Jacques Prévert et son merveilleux jardin entretenu par son ami, Gérard Fusberti. Cette marque d’amitié est une des plus belles qui soit…
Maison et Jardins de Jacques Prévert, 50440 Saint-Germain-des-Vaux
Jacques, Janine, Minette.

Leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu (prix Goncourt 2018)

22 dimanche Mai 2022

Posted by Roseleen in avis de lecture, chronique lecture, lecture, littérature française, livre, passion lecture, roman, roman contemporain

≈ 11 Commentaires

La pivoine est en fleurs !🙏🌸💕

Années 90. Une petite ville de l’est de la France désertée industriellement.

Le chômage, la résignation, la débrouille, la téloche, Intervilles, les boulots au black, pour beaucoup le rêve de partir ailleurs, certains chanceux décrochent de petits emplois au riche Luxembourg voisin.

Anthony a 14 ans, un oeil de traviole, un père aimant mais alcoolique, une mère qui s’ennuie, supporte et couvre, Anthony a des difficultés au collège. 

On va suivre Anthony durant quatre étés. Il va découvrir la réalité de sa vie et de son avenir probable, tuer son ennui et sa rage dans le cannabis et l’alcool, se faire casser la gueule, faire ses premières expériences sexuelles, tomber amoureux de Steph, fille d’un notable, amour impossible, école privée/école publique, rêves pourtant identiques, les deux s’attirent et se repoussent, à peine 16 ans et ils se résignent déjà à leur condition respective. Belle description de la distinction des classes sociales, toujours tellement d’actualité, çà se croise mais ne se mélange pas. 

Le destin d’Anthony et celui de Steph seront passionnants, de ce point de vue en plus de leur personnalité. Ceux de tous les autres personnages également. C’est un vrai page-turner, on ne veut plus quitter les personnages, on vibre pour eux.

« Leurs enfants après eux », c’est une odyssée sociale foisonnante, une plongée réaliste dans la vraie vie, c’est le désarroi et les joies de cette petite ville, les bars remplis, les jalousies, les petits trafics de drogue, les jeux d’arcade, la glande sur les places vides les après-midi de canicule, les voyages et aventures au lac voisis, les fiestas dans les baraques des ados riches où on s’incruste, les barbecues au lac pour les plus pauvres, les enterrements des ex-salariés des hauts-fourneaux qui ont fini alcooliques, les adultes résignés et les jeunes, paumés, qui se coulent dans leur destin ou se surpassent pour s’extraire, de façon légale ou non.
C’est le récit vrai d’une époque, tant sur le plan économique que sur le plan sociétal, une immersion totale dans les 90’s vécues par les quarantenaires dont je suis (encore un petit peu !), c’est Kurk Cobain, les rêves, les Beach Boys, la Mano Negra, les Gauloises, les ZUP, les 205, le Picon-bière, les fêtes foraines, le début des zones commerciales, les jambons-beurre et les scooters, les feux de camp, la coupe du monde qui réunit et met en transe. On sent que l’auteur a vécu cette époque et ce qu’il décrit, la post-industrialisation, qu’il est fier d’avoir fait partie de ce monde, j’ai pressenti un grand amour pour l’être humain dans l’écriture de Nicolas Mathieu, et puis une capacité d’analyse extrêmement fine, bref un superbe regard. Cela rend l’immersion très profonde et vraie et les personnages magnifiques, quels que soient leurs défauts ou leurs choix.
Nicolas Mathieu croque admirablement les petites gens comme les élus ou notables ambitieux, sans jugement, avec beaucoup de tendresse. Il nous raconte là, du point de vue humain, le point de jonction entre la société industrielle et celle de la consommation, c’est original, vrai et très intéressant. De la sociologie mêlée d’histoires de vie, le combo que je préfère en littérature, quand en plus la plume est entraînante et naturelle, çà en fait un coup de coeur.
J’ai beaucoup apprécié la jolie nostalgie qui se dégage de ce roman, mais surtout, surtout  que le récit ne tombe pas dans la dénonciation, la prise de positions voire l’engagement politique, Nicolas Mathieu s’en garde bien, il raconte juste, la seule mission selon moi d’un écrivain, c’est parfait et bien plus percutant, et surtout çà fait du bien, dans notre drôle de société actuelle où tout le monde (enfin beaucoup…) donne son opinion sur tout sans qu’on lui demande.
Je me demande comment j’ai fait pour passer à côté de ce prix Goncourt 2018 depuis tout ce temps. Son dernier roman qui vient de sortir,  » Connemara », est déjà acheté, bing, et va être vite dévoré.

Maïmaï, l’ombre du chardon, d’Aki Shimazaki (2020)

18 mercredi Mai 2022

Posted by Roseleen in chronique lecture, japon, litterature asiatique, livre

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Fraîchement sorti en France, le 4 mai, hop j’ai foncé, j’adore cette auteure.
Tarô est un jeune homme sourd-muet, artiste-peintre et mannequin, qui vit seul dans son petit appartement à Nagoya.

Il a été élevé par sa mère, une femme très indépendante, au tempérament fort, aimant lire, boire, fumer, qui tient une boutique de livres scientifiques d’occasion, et par sa grand-mère, une femme célibataire tendre et aimante, pleine d’humour, qui a toujours tenu avec amour la maisonnée pour sa fille et son petit-fils. 

Les deux femmes vivent toujours ensemble et Tarô vit pas très loin de la maison-boutique familiale. Il est très lié à sa mère et à sa grand-mère, qui l’ont beaucoup soutenu dans ses études et la gestion de son handicap, tout en favorisant son indépendance.  
Tarô est un « half », nom donné aux personnes métis au Japon. Il n’a pas connu son père, un espagnol décédé accidentellement juste avant de savoir qu’il allait être père, lui a expliqué sa mère. 
La vie coule agréablement et doucement pour cette petite famille singulière et touchante. Tarô s’apprête à annoncer aux deux femmes sa relation avec une jeune fille, mannequin tout comme lui, qu’il fréquente depuis plusieurs mois. 

Il a longtemps hésiter à leur en parler, malgré une certaine pression qu’elles lui mettent sur cette question, parce qu’il n’est pas bien sûr de vouloir s’engager plus avec cette petite amie.
Un matin, Tarô reçoit un appel paniqué de sa grand-mère. Sa mère est décédée dans son sommeil durant la nuit. Tarô va gérer les obsèques, soutenir sa grand-mère et s’installer auprès d’elle. Il décide de faire de la librairie son atelier et de se consacrer essentiellement à sa grand-mère et à la peinture. 
En rangeant les affaires de sa mère, Tarô va découvrir des pans de sa vie qu’il ne pouvait imaginer, que va lui expliquer sa grand-mère, en plus de lui révéler de gros secrets. 

Et puis Hanako, l’amie d’enfance de Tarô, qu’il n’a pas vue depuis près de 20 ans mais qu’il n’a jamais oubliée, vient lui présenter ses condoléances.

Ils étaient très liés jusqu’à leurs 7 ans, la mère d’Hanako venait acheter des livres à la boutique et Tarô et Hanako étaient devenus inséparables. Jusqu’au déchirement, lorsqu’Hanako avait dû partir en Europe, son père étant diplomate.

Le lien entre Hanako et Tarô reprend comme s’ils ne s’étaient jamais quittés, chamboulant complètement la vie affective de Tarô qui va enfin trouver un amour absolu et partagé, mais qui va, au fur et à mesure de certaines découvertes sur son histoire familiale, se retrouver piégé…
J’ai adoré retrouver la plume très délicate, épurée, fluide, hyper apaisante, d’Aki Shimazaki, auteure japonaise vivant à Montréal, qui écrit en français. Son écriture est si douce et rafraîchissante, çà se boit comme du sirop d’orgeat frais, c’est un vrai régal.
Aki Shimazaki nous offre ici une plongée captivante dans une famille japonaise de notre époque, une famille heureuse malgré sa singularité et ses épreuves. 

Les bons petits plats traditionnels cuisinés par la grand-mère effleurent les narines, comme sa soupe miso, ses hiyashi-chûka (nouilles de sarrasin froides aux légumes assaisonnés, plat d’été, délice suprême), les tatamis crissent sous les pieds, on sent la chaleur humide du mois d’août japonais dans les rues, la fraîcheur des tissus des yakutas dans lesquels on s’enveloppe le soir, on perçoit le coulissement du bois fin des placards où sont rangés les futons en journée, bref l’écriture est très sensuelle, pleine de vie, très très immersive et çà fait un bien fou. 

Les personnages sont originaux mais simples, touchants, emplis de joie, c’est un bonheur de passer du temps avec eux.

Aki Shimazaki sait entretenir un petit mystère sur ce qui va arriver aux personnages, sur ce qu’ils vont découvrir et devoir affronter. C’est une réalité tragique qui vient frapper Tarô, mais l’auteure sait le traiter sans aucun pathos, tout en délicatesse, avec recul et sérénité.
C’est un très beau roman sur l’amour et les secrets familiaux, si vous aimez le Japon et les histoires simples mais fortes, je vous le recommande chaudement.

Quant à moi, je file en librairie me procurer le début de cette saga, « l’ombre du chardon », dont Maïmaï est le 4è tome je crois, tant pis pour le budget, c’est une urgence, là….

La végétarienne, de Han Kang, 2007

14 samedi Mai 2022

Posted by Roseleen in avis de lecture, corée, lecture, litterature asiatique, livre

≈ 10 Commentaires

Un roman coréen paru en 2007, publié en Europe en 2015, trouvé par hasard et librairie d’occasion, une très chouette découverte.

Une jeune femme originaire de la campagne habite Séoul avec son mari. Solitaire, réservée, elle travaille quelques heures par semaine depuis chez elle comme graphiste, et consacre le reste de son temps à la lecture et aux tâches domestiques. 

Elle dort peu, en proie à de lourds cauchemars. Une nuit, elle se lève et vide le frigo et le congélateur de tous ses produits carnés. Elle a décidé de ne plus manger de viande et n’en cuisinera plus. Peu à peu, elle passe de végétarienne à végétalienne puis ne se nourrira plus que d’eau et de soleil sur sa peau qu’elle dévêt complètement le plus souvent possible. Elle veut devenir un végétal. Elle sera internée.

On suit l’histoire de cette jeune femme depuis les points de vue de trois protagonistes. Son mari, tout d’abord, un technocrate froid, égocentré, qui assistera, dépité par la perte de son petit confort, à la déchéance de sa femme et finira par demander le divorce. 
Le point de vue de son beau-frère, ensuite, un artiste vidéaste très taciturne, qui a toujours été secrètement amoureux de la jeune femme, obsédé par la tâche mongolique qu’elle a gardée adulte sur la peau de son dos (je ne savais pas que les enfants asiatiques naissaient souvent avec ces tâches bleues souvent situées sur le dos et qui disparaissent souvent à l’adolescence). Il va tisser un très étrange lien avec sa belle-soeur malade.

Le point de vue de sa soeur, enfin, femme du vidéaste, qui tient une boutique de produits de beauté, seule à maintenir le lien et à soutenir sa soeur jusqu’au bout malgré des évènements durs et des bouleversements de sa propre vie. C’est par le récit et les souvenirs de cette soeur que l’on saisira un peu l’origine des troubles de la jeune femme. Une enfance rurale rude limite violente, les chocs émotionnels, tout ce qu’elle ne peut digérer semble s’être enveloppé dans cette grave anorexie mentale.

C’est un roman dur, noir, envoûtant par sa plume sensuelle et contemplative qui renforce les émotions effleurées. Certaines scènes sont très difficiles, comme les tentatives de gavage, ce n’est pas un roman doux, c’est du rude, faut s’accrocher. 

C’est un texte fort qui traite de l’impact psychologique de certaines habitudes d’une société traditionnelle comme l’inclination face à l’autorité familiale, l’enfouissement total des émotions, le rejet du clan face à toute forme d’originalité vue comme désolidarisation. Très très intéressant. J’ai adoré.

Impact, d’Olivier Norek, 2020

12 jeudi Mai 2022

Posted by Roseleen in avis de lecture, lecture, polar

≈ 3 Commentaires

Un ancien militaire, qui a été confronté concrètement aux dégâts humains de la course aux énergies en Afrique, se pose à Paris avec sa compagne. 

Après le décès de leur fille pour cause de pathologie respiratoire liée à la qualité de l’air parisien, il se lance dans une opération de prise d’otage avec pour seule rançon de faire prendre de nouveaux engagements aux dirigeants industriels et financiers. Il devient la star des réseaux sociaux et l’idole d’une France ultra connectée et en colère.

Acheté en aérogare à la va-vite, parce que pas de livre dans mon sac à main (horreur !🤣), lu en quelques heures le temps d’un voyage, parce que rien d’autre sous le coude, seule raison qui m’a fait terminer cette lecture.

Présenté comme un thriller, ce roman est plutôt un mélo sur fond de policier, alimenté par une (grave et importante) question sociétale depuis des décennies, l’écologie, distillant des conceptions, comparaisons et interprétations parfois faciles sinon assez limites. Sur des sujets aussi graves et complexes, ça me fout en rogne. Mais bon, faut croire que les gens aiment et recherchent çà. La peur et le complot, c’est très vendeur.

Alors oui, Norek écrit fort bien, çà se boit comme du petit lait, il a un sacré talent narrateur, mais depuis qu’il surfe sur le social, ça ne le fait pas du tout pour moi.
Ses trois premiers opus, polars purs jus, vrais crus de banlieues, étaient extra, avec en plus sa connaissance du terrain qui rendait le truc bien plus vraisemblable que bien des polars.
Mais ses derniers romans, plus centrés sur une volonté d’approche sociétale, virent au mélodrame limite sentimental, et çà, c’est pas du tout mon truc. Et puis les personnages clichés, toujours les mêmes dans le roman policier, le flic forcément divorcé, la psy forcément nevrosée, le chef forcément aboyeur, bon sang pourquoi ?
Les faits dénoncés sont importants, très importants, trop à mon goût pour être exploités dans un scénario abracadabrant assez facile qui ne m’a pas du tout tenu en haleine. Et puis surtout, ce frôlage avec la légitimation du terrorisme, j’ai pas du tout apprécié, la société actuelle n’a pas franchement besoin de çà en ce moment. 

Je suis sortie très énervée de cette lecture.

Le Petit Joueur d’échecs, de Yôko Ogawa (2009 Japon/2013 France)

05 jeudi Mai 2022

Posted by Roseleen in avis de lecture, lecture, littérature japonaise

≈ 6 Commentaires

Cet étrange et singulier roman raconte la vie d’un enfant japonais orphelin, élevé par ses grands-parents pauvres, un enfant physiquement différent car venu au monde avec les lèvres soudées, il en garde des stigmates malgré une opération qui lui permet de parler. 

Très solitaire, cet enfant préfère interagir en pensées avec des êtres disparus, comme une éléphante de cirque à qui il aimait rendre visite avec sa mère, ou sa petite voisine décédée, qu’il imagine coincée entre les murs de leurs maisons mitoyennes. À 11 ans, la croissance physique de l’enfant s’arrêtera.
Cet enfant singulier va faire la rencontre d’un homme différent lui aussi, un homme obèse qui vit dans un bus aménagé. Patient, passionné et profondément gentil, cet homme va lui transmettre sa passion des échecs et l’enfant va s’avérer sacrément doué.
Toutefois, l’enfant a une spécificité : il ne peut jouer que caché. Ses sens très développés lui permettent de savoir ce que joue l’adversaire rien qu’au bruit du glissement des pièces sur l’échiquier. 
Devenu jeune adulte, son talent sera repéré et il se fera exploiter par un club de jeu qui développera une sacrée arnaque : une machine réputée infaillible aux échecs, une machine à l’intérieur de laquelle travaillera, recroquevillé, le petit joueur d’échecs.
Caché, inconnu de tous car assimilé à la machine, il rencontrera un succès immense, sera adulé dans être connu, traitement très subtil des thématiques de l’humilité et de la solitude. 
Le petit joueur d’échecs sera amené plus tard à s’affirmer et refuser certaines pratiques, à construire lui-même son destin.

J’aime beaucoup les romans étranges, décalés et très oniriques de l’auteure japonaise Yôko Ogawa, tout comme j’apprécie sa plume limpide, sensible et très poétique qui sait saisir en profondeur la psychologie des personnages. 
Ce roman presque conte traite habilement de la différence, de l’amitié, de la loyauté, de la transmission et de la disparition. Toutefois, il est beaucoup plus triste que les autres romans de l’auteure. Il est même très triste. La vie du personnage principal est marquée par les disparitions successives des personnes auxquelles il est le plus attaché. 
De plus, il y a énormément de très longues scènes de parties d’échecs, extrêmement détaillées, ainsi que beaucoup de descriptions techniques de la machine, qui apportent peu au propos et qui pour ma part m’ont prodigieusement ennuyée et laissé vers la fin juste une sensation de grande longueur, avec une forte hâte que le roman se termine. 
C’est vraiment dommage car cela gâche la si belle plume, la merveilleuse sensibilité et l’ambiance si originale, décalée, du roman. 

Ce n’est pas du tout le meilleur roman que j’aie lu de Yôko Ogawa (le dernier lu, « Les tendres plaintes », était vraiment génial), même si je me suis tout de même plutôt régalée à retrouver la plume et surtout l’ambiance si particulière que sait instaurer l’auteure.

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