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Archives de Catégorie: littérature française

En attendant Bojangles, d’Olivier Bourdeaut (2016)

27 mercredi Avr 2022

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Jean-Pierre, squatteur perpétuel de mon fauteuil de lecture.

On en avait tellement entendu parler depuis sa sortie, le thème et les critiques si élogieuses m’avaient freinée, j’ai tendance à me méfier des critiques élogieuses, généralement mon avis est contraire, et puis bon, je l’ai trouvé en poche et d’occaz il y a quelques semaines alors zou j’ai tenté. Moins de 150 pages, en une soirée c’était lu, d’autant que ça se lit facilement.

Un homme mythomane tombe amoureux fou d’une femme aussi forte que lui dans ses mensonges et inventions. 

Autant l’homme s’amuse, autant pour la femme, il est très clair (enfin, de mon point de vue professionnel de psychologue, qui plus est travaillant avec des personnes psychotiques), qu’elle est de façon quasi permanente en délire hypomaniaque, ce délire si subtil à diagnostiquer et surtout à faire admettre car si plaisant pour la personne et bien souvent pour les proches, puisqu’il s’apparente fortement à une personnalité originale, fantaisiste, aventurière, sans limite, franche,  souvent passionnante, touchante, attirante. 

Sauf qu’à tous les coups, sans traitement et au moindre coup dur de la vie, il y aura malheureusement une chute, et une terrible, dès le début je connaissais la fin de cette histoire.
Décrivant sur un ton amusant la vie débridée du couple, ses excentricités, sa débauche, sa légèreté, son déni des moindres règles, une vie qui va conduire à son naufrage pour dettes et faire sombrer la patiente, l’auteur nous raconte les élans et écueils d’une personne bipolaire, alimentés par son mari amoureux fou qui parfois prend peur, sans jamais vraiment s’alerter pour sa femme ou leur enfant, il a peur de perdre sa vie de plaisir, les troubles de sa femme alimentant son propre tempérament fantaisiste.

Il semble égoïstement prendre peur avant tout pour lui, pour la perte de cette vie qui lui plaît tant, mais pas pour leur enfant, cet enfant qui nous raconte l’histoire de ses parents, sa vie de dingue à leurs côtés, un enfant pris au milieu de cette tourmente, qui sans autre reférence, aimé de ses parents et les aimant, trouve tout celà bien normal.

L’auteur surfe en permanence sur un amalgame extravagance/pathologie psychique, et ça m’a énormément dérangée. Cette vie folle et libre, pleine d’excentricités, qui fait rire, c’est une maladie, c’est pas rigolo du tout et ça détruit tout autour. L’enfant, décrit comme naïf et heureux, enfant descolarisé, dont les besoins physiques et affectifs sont bafoués, victime de négligence frôlant la maltraitance, clairement est en danger, victime de la folie de ses parents. Çà m’a mise terriblement mal à l’aise, cet enfant aimé certes, mais maltraité, utilisé comme objet d’amusement parmi d’autres par ses parents.
Alors oui, la plume est belle, très bien travaillée, originale avec ses petites rimes et ses antiques tournures de phrases dans les dialogues, un ton décalé original, oui l’auteur a beaucoup d’imagination et sait y faire en matière de cocasserie-loufoquerie, le lecteur est bien servi à ce niveau, mais mélanger cela avec des thèmes aussi tragiques que la maladie mentale et le respect des droits d’un enfant, pour moi çà ne l’a pas fait du tout, c’est pas des thèmes avec lesquels j’ai envie de me marrer, en tout cas certainement pas de cette manière, sur le dos de malades ou d’enfants innocents. 
Et puis vraiment, cet amalgame excentricité/pathologie mentale, que l’auteur nous sert tout au long de son texte, et ce discours à peine voilé sur l’inutilité des soins, çà m’a mise sacrément en pétard. 
Minimiser la maladie psychique, s’en servir pour vouloir amuser, car à priori beaucoup de lecteurs de sont bien amusés à la lecture de ce texte presentant ce couple si extravagant, et c’était peut-être le but, glauque, de l’auteur,  ben moi je dis NON, au nom de tous les malades qui se battent, et de leurs proches.

« Paris-Briançon », de Philippe Besson, 2022

06 mercredi Avr 2022

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Arghhhh ! Il me faisait de l’oeil depuis des semaines, le dernier roman de Philippe Besson !…Pô pu attendre sa parution poche, craqué le week-end dernier. Paf. Et je ne regrette pas…

 » La nuit je mens », disait Bashung. Ben c’est pas le cas de cette poignée de gens qui embarque ce vendredi soir gare d’Austerlitz dans le train de nuit pour Briançon. 

Ces heures devant soi, ce temps qu’on a pas souvent, la promiscuité, le roulis régulier du train corail, la pénombre, la fatigue du jour, de la semaine, de la vie parfois, c’est propice à se poser, se lâcher, à se regarder soi, les autres, et puis souvent c’est plus facile de confier des trucs à des inconnus qu’on reverra pas. Alors çà se rapproche un peu et çà cause. 

On est vraiment dans ce train, dans ces vies roulant dans la nuit à travers la France, vers les montagnes, Philippe Besson écrit si bien, on est happés.
Dans ce wagon, un couple de jeunes retraités qui part une semaine à la montagne se ressourcer, quatre étudiants de Nanterre qui veulent faire un saut en Italie profitant d’une maison prêtée, un commercial éreinté qui rejoint sa famille, un jeune médecin parisien qui vient régler une affaire familiale, un moniteur de ski venu une journée à la capitale pour un examen de santé et qui a loupé son tgv de retour, une jeune femme seule avec ses deux enfants. 
De vraies vies qui se croisent, des discussions, des confidences, des secrets, des petites ou grandes douleurs qui peuvent se dire. Passionnants et intéressants personnages. Très réalistes. 
Mais dès le début du roman, l’auteur nous met clairement au jus. Le lendemain matin, dans cette petite troupe, deux auront perdu la vie. Comment est-ce possible ? Que va-t-il bien pouvoir de passer chez ces personnes si sympathiques, attachantes ? Un sacré suspens se met en place dès les premières pages.
Écriture limpide, chapîtres courts, enchaînement progressif de situations, quel suspens, quel page-turner ! Terminé en une nuit, pas pu faire autrement, tant pis pour le manque de sommeil, le mode zombie au boulot.
Je suis sortie toute chamboulée de ce court roman de 200 pages qui se boit limpidement, enivre progressivent sans qu’on s’en rende vraiment compte et nous retient dans ses filets de l’horreur. 

L’horizon, de Patrick Modiano (2010)

01 vendredi Avr 2022

Posted by Roseleen in avis de lecture, lecture, littérature française

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Dans ce roman de Modiano, paru en 2010, Jean Bosmans note sur un carnet les bribes de souvenirs qui remontent. 

Ressurgit ainsi Margaret Le Coz, qu’il fréquenta dans leur vingtaine. Tous deux fuyaient des personnages qui les harcelaient. Margaret fuyait Boyaval, un gars pas bien net qui la suivait partout, Bosmans fuyait sa mère et son amant, qui le rackettaient.

Les souvenirs remontent, s’assemblent, nous font découvrir la vie de Margaret, bretonne née à Berlin, élevée en pensionnats, sa solitude, sa fuite en Suisse pour fuir Boyaval, l’arrivée à Paris, pour l’anonymat, où elle rencontrera Bosmans dans le métro. 

Place à leurs quelques mois de vie parisienne, la vie qui coule, incognito et les rencontres bizarres, avant la fuite subite de Margaret à Berlin.

Fort de ces souvenirs, Bosmans décide de rechercher Boyaval. Il va le dégoter à Paris, pas loin de chez lui,  dans une vie bien rangée. Il décide alors de partir à Berlin, voir ce qu’est devenue Margaret.

Plaisir de retrouver la plume décousue si charmante de Modiano, sa perpétuelle et passionnante enquête sur le temps et la mémoire, ses personnages étranges mais on est tous étranges selon l’angle qu’on regarde et j’aime cet angle que sait prendre naturellement Modiano. 

Un roman étrange, envoûtant, subtil et flottant, mêlant mélancolie et joie, bref du bon Modiano. Il  sait saisir et raconter l’essence de la vie à base de ses petites bribes disparates et à chaque fois je suis charmée limite bouleversée.

La plus secrète mémoire des hommes, de Mohamed Mbougar Sarr

25 vendredi Mar 2022

Posted by Roseleen in avis de lecture, lecture, littérature française

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Alors alors ? Ce dernier Goncourt ? Pô mal, vraiment pô mal, très bien, même. Bien mieux que le 2020, « L’anomalie », qui m’avait profondément ennuyée…

Jolie prose inventive mais très dense, wouch faut être en forme, super énigme, de l’aventure. Un bon moment de lecture.

Mohamed Mbougar Sarr, écrivain d’origine sénégalaise qui a donc reçu le prix Goncourt 2021, nous embarque dans la quête de Diégane, jeune écrivain sénégalais, qui cherche à retrouver l’auteur du « Labyrinthe de l’inhumain », un roman qui l’a subjugué, paru en 1938 et devenu introuvable.
Dès qu’il découvre par hasard ce roman incroyable, Diégane veut absolument savoir qui était et ce qu’est devenu son auteur, TC Elimane, qui fut d’abord encensé par la critique pour son roman, avant d’être accusé de plagiat pour finir taxé de  » Rimbaud nègre », puis de passer complètement aux oubliettes avec l’arrivée de la guerre.
Tous les exemplaires du « Labyrinthe de l’inhumain » furent détruits, la maison d’édition qui l’avait fait connaître a fermé, et TC Elimane a complètement disparu des radars depuis la seconde guerre mondiale.
Diégane va mener l’enquête. D’abord dans son petit petit réseau d’écrivains d’origine africaine vivant à Paris, puis en tombant par hasard sur une grande écrivaine africaine qui a eu pour amie intime une poétesse haïtienne qui a connu TC Elimane. Cette écrivaine   finira par lui confier son étrange lien familial avec Elimane, qu’elle n’a pourtant pas connu, ce qui nous permettra de connaître l’enfance d’Elimane au Sénégal, le contexte de son arrivée en France.  
L’écrivaine, qui a également cherché à en savoir plus sur Elimane une fois qu’elle eut appris qu’il est de sa famille, racontera également à Diégane ses échanges avec  une vieille journaliste, qui avait à l’époque interviewé les éditeurs d’Elimane, lui-même fuyant les journalistes. 

Peu à peu, Elimane se rend compte que les journalistes qui avaient attaqué le livre d’Elimane sont décédés de mort suspecte parfois des décennies plus tard.

À travers les récits des multiples narrateurs qui nous racontent ce qu’ils ont connu d’Elimane, l’histoire de ce dernier prend forme. 
On voyage du Sénégal colonisé, à Paris durant la seconde guerre mondiale, puis en l’Argentine, avant de revenir en 2018 au Sénégal, dans un climat social très tendu. Formidable traversée d’un siècle d’histoire. 
Le mystère reste entier sur le personnage d’Elimane tout au long du roman. On ne sait pas s’il est toujours vivant, où il se trouve, cet homme est un vrai mystère, toutes les personnes qui l’ont approché ont vécu des choses étranges à son contact. Existe-t-il vraiment ? Est-il un Dieu, un esprit, un mythe ? Le mystère reste entier jusqu’au bout.
C’est une histoire vraiment captivante, mais j’ai été souvent perdue par un style narratif singulier, alternant en permanence et subitement parfois les différents et nombreux narrateurs, alternant également sans cesse passé et présent. Faut s’accrocher, faut être en forme, hein. 
Les personnages, nombreux, sont tous passionnants et très originaux, mais leur nombre, leur apparition puis disparition, puis réapparition dans le récit, tout çà m’a également parfois égarée. 
La prose est très belle, cultivée mais absolument pas pédante, naturellement inventive, malicieuse et très sensuelle, porteuse de belles réflexions philosophiques, mais faut s’accrocher, il y a beaucoup de disgressions, et faut pas avoir peur des phrases parfois longues de deux pages sans ponctuation. La langue de l’auteur est belle, vraiment belle, mais très exigeante. 
456 pages, j’avoue il était temps pour moi que cesse cette aventure, de savoir qui était vraiment Elimane (et que je me trouve un autre bouquin à la plume plus limpide/facile, pour récupérer des forces).
Mais c’etait bien. Vraiment bien. De la belle et bonne littérature. Une très belle oeuvre littéraire centrée sur les ponts entre l’Afrique et l’occident, une très belle ode à la littérature.

Sur le sable, de Michèle Lesbre

14 lundi Mar 2022

Posted by Roseleen in avis de lecture, lecture, littérature française

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Un tout petit roman, 145 pages, paru en 2009, découvert par hasard en bouquinerie, je ne connaissais pas cet auteur(e?, on s’en fiche…).

Au début de la nuit, la narratrice roule le long des dunes. C’est sa dernière balade après des semaines d’errance en solitaire sur la côte, elle rentre le lendemain à Paris, reprendre le cours d’une vie qu’elle avait plaquée subitement. 
Derrière une dune, elle aperçoit un brasier et décide d’aller voir. Un homme, prostré, regarde brûler une petite maison. 

Le temps d’une nuit bercée par les vagues et les flammes, cet homme va lui raconter sa vie. Elle va comprendre pourquoi, au lendemain de l’enterrement de sa mère pour lequel il est venu d’Italie où il réside, il a décidé de brûler cette maison qui a accompagné tant de ses drames intimes. 

La narratrice est fascinée par le récit de cet homme, par sa vie qui fait résonner ses propres souvenirs, par le fait qu’il réside dans cette ville italienne où elle-même a connu un drame. 
Deux sacs de souvenirs qui vont se croiser, entrer en résonnance, une brève rencontre fortuite avant que chacun ne reparte dans sa propre vie. Intéressant ce thème des très brèves rencontres soudaines et sans avenir qui vont marquer une vie et contribuer à la façonner.

J’ai aimé ces deux personnages étranges, notamment la narratrice, cette femme qui a choisi la vadrouille pour réfléchir, lectrice fan de Modiano qui ne sait par où recommencer sa vie alors elle relit ses romans en notant tous les lieux parisiens qu’il cite dans son oeuvre, bars, hôtels, adresses d’appartement, en se donnant comme base de redémarrage de vie d’aller les repérer, elle verra bien où çà la mène. 

Une belle plume, une histoire originale, des personnages troublant/troublés, j’ai bien aimé ce court roman original sur l’amour, la mémoire, le traumatisme.

 » anéantir « , de Michel Houellebecq

21 lundi Fév 2022

Posted by Roseleen in avis de lecture, bilan lecture, lecture, littérature française

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Dernier titre de Michel Houellebecq, paru en janvier 2022 (me suis ruée dessus)

Paris, 2027, à quelques semaines de l’élection présidentielle. 

Paul, bientôt la cinquantaine, solitaire, un brin dépressif, exerce un poste haut placé au Ministère de l’Économie et des Finances. Il est devenu intime avec Bruno (tiens, tiens…), le ministre, un homme d’intelligence et de culture dingues, loyal, bosseur, humble, gentil, qui a fait un sacré bon boulot durant le quinquennat. 

Bruno est amené très certainement à des fonctions plus hautes et stratégiques si son parti parvient à remporter encore une fois l’élection contre le Rassemblement National, mais ça s’annonce très serré, c’est pas gagné, brrr…

Paul est un peu perdu. Sa femme, également haut fonctionnaire, adepte du mouvement Wicca et autres trucs ésotériques farfelus et surtout à la mode, s’éloigne. Il ne sait pas quoi faire pour la reconquérir.

 Paul voit rarement sa famille, son père retraité de la DGSI, veuf remarié qui file le grand amour avec une jeune femme dévouée, sa soeur bigote femme de notaire au chômage, tous deux pro RN,  son petit frère, secret et fragile, restaurateur d’art et marié à une journaliste peste et intéressée, que toute la famille s’accorde à détester.
La vie de Paul va être bouleversée par l’AVC soudain de son père, qui va réunir la famille.
Ce roman est une plongée fascinante dans les arcanes du pouvoir et le jeu des élections, dans un monde où une nouvelle forme de terrorisme destabilise les grandes puissances, dans les malheurs et les joies d’une famille éparpillée qui va vivre de sacrés évènements. 730 pages de rebondissements absolument passionnants, effrayants, espiègles et drôles parfois. 
« Anéantir » est roman d’anticipation vraiment trés fin et bien construit, qui accroche d’emblée par ses personnages très humains, touchants, porté par une plume acerbe mais posée, emplie d’une tendresse pour le monde et la vie que l’on a pas l’habitude de sentir à ce point chez l’auteur (dans ses précédents romans c’est juste palpable sous l’ironie et les provocations, cet amour des gens et de la vie, du moins moi je l’ai toujours senti), là c’est carrément assumé, avec l’apaisement qu’on sent de paire, j’ai aimé.
À travers cette dense chronique familiale et politico-électorale, Michel Houellebecq nous offre de profondes  réflexions philosophiques sur la société, la condition humaine, la famille, l’amour, la sexualité, la fin de vie, j’ai particulièrement aimé la partie où il dénonce les conditions horribles, qu’il qualifie proches de l’euthanasie, dans les EHPAD, çà résonnait tellement avec l’actu du moment, c’en était glaçant. Et ce réseau d’activistes qui s’est organisé en secret sur le territoire pour exfiltrer les personnes âgées de ces mouroirs, c’était absolument truculent.
Très fin observateur de son temps, l’auteur dénonce les travers de notre monde contemporain mais parvient à en retirer ce qu’il y a de beau et d’essentiel et c’est quelque chose de bon et de doux que j’ai ressenti en refermant les 730 pages, chouette ressenti.
Allez, juste un petit truc qui m’a déplu, hormis le poids de la pavasse qui m’a fait frôler la tendinite, ce sont les descriptions des rêves de Paul, bien bien barrés, qui m’ont pas mal ennuyées, mais on sent que l’auteur s’est fait plaisir à laisser libre court à son imagination débridée et à ses angoisses profondes, c’est la ptite touche houellebecquienne qui, il faut l’avouer, aurait manqué.

Trois jours chez ma mère

03 jeudi Sep 2020

Posted by Roseleen in avis de lecture, lecture, littérature française, livre, Uncategorized

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Ce roman, Goncourt 2005, consiste en un long monologue d’un écrivain cinquantenaire qui a eu son heure de gloire mais ne parvient plus à écrire. 

Ses éditeurs attendent ses manuscrits, son banquier ne peut plus faire grand chose pour lui éviter la saisie, sa femme et ses deux filles ne savent plus comment le secouer. 

Lui dort jusque l’après-midi, multiplie les coucheries dès qu’il sort, délaisse ses amis, sa famille. Plus que désabusé, il semble clairement dépressif.

Il a le projet depuis longtemps de se rendre quelques jours chez sa mère, qui le réclame et qu’il voit trop peu, par flegme. Il a débuté pour celà un manuscrit qu’il a intitulé « trois jours chez ma mère », mais tourne autour du pot, nous raconte ses souvenirs, ses regrets, disgresse beaucoup, et n’écrit pas finalement. C’est original, cette idée de faire un roman de la difficulté que l’auteur a eu à l’écrire, de l’état d’esprit dans lequel il était à ce moment, car c’est très certainement autobiographique.

Ce temps chez sa mère, le destin va le contraindre à le prendre, de façon imprévue. 

Je ne savais pas quoi penser de ce livre…Le personnage est inbuvable. Ses nombreuses disgressions insupportables. Çà m’a énervée. Et en même temps, sa sensibilité est très  belle. Des questions profondes sur la vie, les rapport familiaux, la condition humaine sont soulevées. Les pointes d’humour sont subtiles, l’écriture fluide, très littéraire, vraiment agréable. 

J’écris cette chronique deux semaines après avoir terminé le livre. Tout juste refermé, je me disais « mouaif », mais en écrivant tout ceci, je me dis  que c’est bon parfois de s’énerver, çà peut signifier que le contenu est dense et important, çà permet peut être de mieux faire sentir, ressortir les éléments fondamentaux pointés par l’auteur. Il y a des lectures, comme çà, qu’il faut laisser mijoter pour laisser s’en aller les premières impressions et approcher ses vrais ressentis, savoir au final si on a aimé ou non.

J’ai aimé, en fait.

Changer le sens des rivières

06 samedi Juin 2020

Posted by Roseleen in lecture, littérature française, livre, passion lecture, roman, roman français

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Un titre très joli et une photo de couv’ splendide d’une ville qui m’est chère, hop j’avais acheté ce roman sans même en  lire le résumé sur la 4è de couverture.

Et je n’ai pas été déçue par ce petit roman de Murielle Magellan, romancière, dramaturge et scénariste pour des films et séries télé dont « les petits meurtres d’Agatha Christie ».

Marie a 20 ans. Elle est serveuse dans un bar tendance au Havre et heureuse de pouvoir s’assumer financièrement, louer son petit appartement, conduire sa propre voiture. Elle n’a pu faire d’études en raison d’un contexte familial compliqué mais est heureuse de sa vie. Les fins de mois sont très difficiles car elle doit payer une partie du salaire de l’aide à domicile qui gère son père atteint de troubles psychiatriques. Mais elle sait gérer son budget à l’euro près. 

Marie va tomber amoureuse d’un client, un étudiant, et s’attacher bien plus que lui ne s’attachera. Le jeune homme la rejettera, renvoyant à Marie à sa condition et à son manque de culture. Humiliée, Marie va commettre sous une impulsion un acte répréhensible. 

N’ayant pas de quoi payer sa dette à la société sans entrer dans l’endettement, Marie, désespérée, va se tourner vers le juge qui a suivi son dossier, qui est aussi un habitué du bar où elle travaille. Il vient régulièrement y boire une tisane l’après-midi. Marie va accepter un marché singulier avec cet homme d’âge mûr très mystérieux.

Ce roman est une très belle histoire sur le contournement du déterminisme social. L’auteure nous montre que l’on peut créer son destin malgré de grosses galères et des bases pas terribles si on reste  motivé, centré sur ses objectifs propres, une fois qu’on connait bien ses forces et ses faiblesses. C’est un roman plein d’espoir. 

Les deux  personnages principaux (Marie et le juge) sont vraiment beaux, ils révèlent leur histoire au fur et à mesure du récit, viennent mutuellement combler leurs failles, c’est très intéressant.

Un court roman de 235 pages lu d’une traite, que je recommande fortement. Par contre si vous le lisez, je vous conseille de ne pas lire la 4è de couv’ qui va vous spoiler la nature du contrat entre le juge et Marie, et vous priver d’un joli petit suspens. Les 4è de couv’ des livres sont de plus en plus « spoilantes », c’est très agaçant.

Sinon, j’ai terminé en bonne compagnie la lecture du dernier King sorti en France, je vous en parlerai.


Allez zou, j’ai mon bagage et tout plein de choses à préparer, j’espère trouver le temps de poster ce week-end quelques photos de Normandie mais je vais d’abord profiter à fond de ma famille  que je n’ai pas vue depuis Noël donc me couper de mon téléphone et du net qui de toutes façons ne passe pas bien dans mes lointaines contrées.
Bon week-end !

Les belles images

25 mercredi Mar 2020

Posted by Roseleen in avis de lecture, book, lecture, littérature française, livre, partage, passion lecture, roman, roman français, simone de beauvoir

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J’ai ressenti la semaine dernière le besoin de me plonger dans un monde antérieur au notre, de m’imprégner de préoccupations et pensées d’une époque un peu éloignée de la notre, de plonger dans un espace-temps où l’on ne peut même pas imaginer ce qui nous tombe dessus en ce moment. 

Dans ce court roman, trouvé récemment avec joie dans une boîte aux livres, Simone de Beauvoir met en scène Laurence, une femme en mal de vivre ou plutôt en quête de sens, qui se sent en décalage avec ses proches qui ne la connaissent pas vraiment, des proches qui sont clairement dans la consommation, l’argent, le superficiel, la notoriété. 

Laurence a un mari peu impliqué et attentif à elle, un amant qui s’accroche et commence à l’ennuyer, une mère qui ne vit que sur les apparences, une soeur qui ne voit que par la religion. 

Laurence travaille. Elle aussi se réfugie dans des images. Elle écrit des slogans pour une agence de pub. Elle a plus que tout pour être heureuse mais s’ennuie, s’interroge sur le bonheur, prend conscience des bulles dans lesquelles chacun vit et qui freinent la pensée et l’ouverture réelle à l’autre. Ah comme c’était intéressant, çà ! Et toujours terriblement d’actualité.

Heureusement, Laurence rend régulièrement visite à son père, qu’elle adule et dont elle recherche la reconnaissance depuis toujours, un homme humble, solutaire, zen, instruit. 

La vie de Laurence va être chamboulée par la grande sensibilité et anxiété de Catherine, sa fille de 11 ans,  qui découvre le monde « à cause » de sa meilleure amie, une enfant autorisée à regarder la télé, écouter la radio, lire les journaux. 

La famille pense que la petite Catherine doit être détournée de cette amie qui la perturbe : en la bourrant de cours de poney, de danse ou en lui présentant de nouvelles petites camarades mieux moulées, ou bien en déclamant qu’elle doit voir un psy pour être remise dans le droit chemin (c’est la grande époque de la psychanalyse…), ou encore qu’elle doit à tout prix faire son catéchisme. 

Mais Laurence sent bien au fond d’elle-même que Catherine n’a pas besoin de tout çà, mais tout simplement d’être elle-même et de se confronter à son époque. Laurence trouvera-t-elle la force de ne pas laisser enfermer Catherine dans ces carcans, tout comme elle-même l’a été ?

Ce roman nous raconte les tourments et le combat d’une femme déjà bien libre pour son époque mais qui se rend compte qu’elle ne l’est pas réellement. C’est très prenant et passionnant sociologiquement.

J’ai aimé retrouver la plume de Simone de Beauvoir, assez dense, avec dans ce roman de nombreux aller-retour passé-présent qui déroutent un peu au début mais une plume qui au final emporte et fait sens. 

C’est une jolie plongée dans les préoccupations sociales, philosophiques et économiques des années 60 avec en bonus le délice de retrouver des expressions surranées de nos grands-parents disparus. J’ai adoré et ça m’a donné une furieuse envie de relire les autres romans de l’auteure.

Même les arbres s’en souviennent

11 mercredi Mar 2020

Posted by Roseleen in avis de lecture, book, book talk, lecture, littérature française, livre, passion lecture, point lecture, roman, roman français, terroir

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C’est la première fois que je lisais un roman Christian Signol. J’avais des à prioris (peur d’un roman terroir à l’eau de rose, de bons sentiments faciles…). Et c’est vraiment pas bien du tout, ces à prioris. Parce qu’en fait, j’ai adoré. Jolie plume, beaucoup de sensibilité, histoire très intéressante, c’était vraiment une lecture très sympa. 

Emilien, nonagénaire, écrit ses mémoires à la demande de son arrière petit-fils. Il raconte sa vie dans la campagne, comment sa mère, veuve, a dû le placer comme garçon de ferme à 6 ans car elle n’avait plus d’argent pour vivre, ses conditions de vie terribles dans cette ferme. 

Puis il raconte le remariage de sa mère, l’achat d’une petite terre, leur vie simple et heureuse tous les trois, les sacrifices de sa mère et de son beau-père pour qu’il puisse étudier. 

Emilien fera ensuite le choix de reprendre la ferme de sa mère, on assistera à son mariage, à l’arrivée de ses enfants, leur départ vers les villes. 

C’est une histoire passionnante, très touchante. Le roman traite de l’évolution de la vie dans les campagnes sur les dernières décennies, des plaisirs simples basés sur ce que donne la nature, explique la course à la mécanisation et la recherche du profit liés à la PAC, la désertification des hameaux de campagne, l’arrivée de l’électricité, de la télé, la fin de l’entraide et de la solidarité.

C’est également une belle mise en avant de nos ancêtres ruraux, de leur sagesse, leur sensibilité fine, et des liens qui nous unissent à eux. 

C’était une très chouette lecture, je lirai d’autres romans de Christian Signol c’est sûr.

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