
Ce roman de Delphine de Vigan, terminé il y a quelques jours, a été un vrai coup de foudre. Il m’a énormément touchée.
Dans Paris et sa banlieue, on suit deux personnes modestes et anonymes, qui se croisent sans se connaître mais se ressemblent dans leur détresse et leur isolement.
Thibault, médecin célibataire, ayant choisi de se frotter au ventre de Paris en exerçant pour un réseau de consultation à domicile. Lors de ses longues gardes, il passe beaucoup de temps dans sa vieille voiture, à chercher à se garer ou faire de micro-siestes pour tenir le coup. Thibault n’est pas très bien, il vient de rompre avec son amie, venant de comprendre qu’elle ne l’aimait pas en retour. Il souffre de se retrouver seul. Au gré de ses visites, Thibault côtoie l’isolement, la souffrance, la mort, la détresse psychique, la grande précarité insoupçonnée, le dédain parfois. Il gère de façon très humaine, avec beaucoup de compassion et d’humilité. Mais çà devient difficile après cette rupture…il s’interroge sur le sens de tout celà, de tout le mouvement et le tumulte de cette ville.
Et Mathilde, un personnage qui m’a envoûtée. Cadre dans une entreprise de marketing en proche banlieue, simple, brillante, élevant seule ses 3 enfants dans son petit appartement parisien, affrontant chaque matin et chaque soir le métro et le RER, son flux compact et son rythme fou. Mathilde s’en fiche, elle aime son travail et ses collègues. Mais depuis quelques temps, Mathilde est mise au rebus par son directeur, à qui elle fait très certainement de l’ombre. Il lui fait vivre un enfer de façon très insidieuse et l’isole progressivement de l’activité et de ses collègues. Mathilde donne le change mais traverse l’enfer, elle qui s’était sortie de son drame personnel avec ce travail. On la voit sombrer, seule, perdre peu à peu ses forces.
D’apparence sombre, ce roman à l’écriture fine, simple et très précise sur les émotions, est en fait d’une grande tendresse. C’est une véritable ode à la vie, aux forces cachées en chacun et qui font tenir, avancer, se relever.
L’auteure évoque de façon très intéressante la course à la vitesse, au pouvoir, à l’argent, dans laquelle voudrait nous enfermer la société, le monde du travail, imperméable aux failles, qui manipule en fonction des besoins souvent individuels, jette sur le bord de la route sans état d’âme.
Delphine de Vigan est très douée car ces messages sont véhiculés avec de belles phrases, avec très peu de vocabulaire négatif, sans apitoiement, avec toujours le positif qui domine.
Je ne connaissais pas cette auteure mais je compte bien lire ses autres ouvrages.
Et voilà, c’était la petite chronique littéraire du jour ! Fraîchement rentrée du boulot, je vais rejoindre Franck Thilliez avec un bon thé (et 2 Princes de Lu !), avant de m’attaquer aux petites corvées ménagères et culinaires du soir…
Très bonnne soirée !
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